Une grande
confusion règne actuellement quant à la définition donnée à cette forme
particulière d’accompagnement. Pour de nombreuses sociétés de service qui offrent des
formations relatives aux différences culturelles, le terme
« coaching » se limite à un transfert de connaissances relatives aux
autres cultures lors d’une mutation, d’une expatriation ou d’une prise de poste
dans un contexte international. Les conseils, donnés dans les situations de
résolution de conflit interculturels, acquièrent également le qualificatif
de « coaching ». Le coaching se confond alors avec la formation ou le
conseil. Ces confusions ont pour cause le fait que la personne en
contact avec une autre culture doit toujours acquérir une connaissance sur les mécanismes
interculturels avant le coaching proprement dit qui a pour objet la
transformation du coaché, à sa demande.
Ce que nous
appelons coaching interculturel concerne donc, d’une part, l’impact de la différence
culturelle dans le coaching, et d’autre part la capacité du coaching à
permettre la résolution de problématiques dues à la différence culturelle.
La
différence culturelle dans le coaching se manifeste dans trois situations :
le coaching d’une personne de culture différente, celui d’un coaché ayant des
relations avec des cultures différentes, ou enfin le coaching d’une équipe
multiculturelle. Quoiqu’en apparence triviale, la seconde, de plus en plus fréquente,
interpelle profondément la démarche du coaching.
Exemple
François est un négociateur de haut vol qui intervient dans
les transactions d’immobilier d’entreprise. Il est très extraverti, aime la
jovialité, les longs repas où l’on rit aux larmes et préfère éviter ceux qui
sont, à ses yeux, trop sérieux, tristes, et qu’il soupçonne dépourvus de toute
affectivité. En affaires, il est très séducteur et son charme agit « comme
par miracle », selon ses propres termes. Mais, lors d’une transaction avec
des Japonais, la « baguette magique » est inopérante. « J’ai
perdu la main ! » se lamente-t-il auprès du coach.
Quelle que
soit la situation, la différence culturelle doit être prise en compte au niveau
de chacune des relations actives dans la relation de coaching :
— entre le coach et le coaché,
— entre le coach et le prescripteur,
— entre le prescripteur et le coaché,
— entre le coach et son superviseur.
Exemple
Kathy est une coach américaine mariée à un Français et vivant
en France depuis vingt ans. Elle coache Ahmed, diplomate africain prenant un
poste aux Nations unies. Chaque fois que ce dernier évoque ses relations avec
les femmes, supérieures, pairs ou subordonnées, Kathy ne peut contenir sa
colère et devient inopérante dans le processus. Michel, son superviseur, est
heureusement familier avec les problématiques interculturelles et lui permet de
résoudre ce problème.
En outre,
chacun des contrats doit être reconsidéré en fonction de l’environnement
culturel. Au niveau formel, des clauses comme celle de la
confidentialité n’ont pas le même sens ici ou là ; au niveau relationnel,
certaines cultures ne savent pas respecter un cadre temporel ; enfin, le
contrat inconscient est bouleversé par l’altérité.
Les
problématiques interculturelles que le coaching permet de résoudre sont nombreuses.
Elles n’ont cependant pas encore été circonscrites avec précision. Mais il est
clair, par exemple, que la prise de poste d’un manager en charge de cultures
multiples soulève des questions particulières, telles que celle de la
légitimité.
Nous
l’avons dit : il est essentiel de tenir compte de la montée en puissance
des pays asiatiques, qui interviendront de plus en plus fréquemment parmi les
acteurs d’un coaching. La première question que pose cet environnement nouveau
est celle de l’adéquation des outils : ceux que nous utilisons (analyse
transactionnelle, PNL…) ont tous été conçus dans les années 1950 par et pour la
culture américaine, avec un présupposé fondamentalement individualiste. Si ces
outils fortement teintés de protestantisme fonctionnent bien dans les pays
d’Europe, ils sont par contre peu opérants dans les contextes
« collectivistes » (au sens culturel) comme l’Afrique, le Moyen-Orient
ou l’Asie.